Elias avait toujours su que ses passions paraissaient grotesques aux yeux de tous. Ses parents n'avaient pas été une exception. Il s'était volontairement extirpé du domicile familial, où il se destinait initialement à un emploi rural, pour suivre des études et s'installer sur la côte Est avec son diplôme. Son parcours intellectuel avait été de nombreuses fois semé d'embuches et même ses proches pensaient ne plus le reconnaître. Quelle folie l'avait frappé ? Pourquoi cette envie de s'éloigner du monde des vivants pour côtoyer celui des morts ? Alors souvent il passait pour un homme excentrique, mais ce qu'Elias avait découvert, dans sa jeunesse, au fil de ses études et des recherches qu'il avait menées, c'est que la profession nécessitait un curieux mélange de sensibilité et vulnérabilité qu'il possédait bel et bien.
Sa profession, Elias y voyait une grande force. Il y voyait un calme d'une richesse insoupçonnée. Une possibilité de rendre une lueur de vie à des proches endeuillés, dans l'espoir, peut-être, d'un dernier sourire lors de l'au revoir ultime. La permission, pour des familles au bord du gouffre, d'accepter ce chapitre de leur vie et d'en ressortir plus fortes.